Bonheur, où es-tu ?
Le bonheur semble désigner cet état que nous n’atteignons jamais totalement, mais que nous nous efforçons tout de même inlassablement de viser. Ainsi, « tous les hommes recherchent d’être heureux. […] jusqu’à ceux qui vont se pendre » écrit même Pascal, en 1670, dans Pensées !
Si tel est le cas, inutile de s’interroger trop longuement sur ce qu’il est vraiment : cela devrait être évident puisqu’il représente notre bien le plus convoité !
Et pourtant, savons-nous vraiment ce qu’est le bonheur ? Que savons-nous de lui lorsque nous le cherchons ? Et, quand les gens se déclarent heureux, de quel bonheur s’agit-il ? Quelle définition en donnent-ils ?
Les personnes heureuses sont-elles celles qui ont réussi à « changer leurs désirs plutôt que l’ordre du monde» selon une célèbre expression de René Descartes, en 1637, dans son Discours de la méthode ; c’est-à-dire celles qui, conformément à l’idéal stoïcien, orientent leurs efforts vers ce qui dépend d’elles et accueillent sans résistance tout le reste ?
Le bonheur est-il donc, paradoxalement, cette « récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherché », comme nous le suggérait Alain, en 1911, dans ses Propos ? N’est-il, au fond, qu’un « mythe inventé par le diable pour nous désespérer », tel que nous avertit Gustave Flaubert, en 1869, dans L’éducation sentimentale ?
Des finalités alternatives au bonheur peuvent-elles orienter nos actions ? Sûrement ! me rétorqueraient certains. Soit ! Mais alors lesquelles ?
Surtout, quelle que soit la variété des objectifs qui peuvent guider nos vies, n’est-ce pas toujours dans la limite qu’ils soient compatibles avec la possibilité du bonheur ?
Ainsi, nous essayerions sans cesse de suivre les chemins les meilleurs, les méthodes les plus adaptées, les maîtres les plus compétents afin d’être aidés au mieux dans notre ascension vers ce graal si convoité.
Tout se passe donc souvent comme si le bonheur se trouvait quelque part et qu’il s’agissait alors de trouver le sentier qui nous y emmènera…
Mais pour savoir comment s’y rendre, encore faut-il savoir où il se trouve ! Utiliser une métaphore de lieu pour le désigner est-il pertinent ? Si oui, pourquoi ? Si non, comment le caractériser ? En quoi consiste le bonheur ? Bref, à quoi peut-on le reconnaitre ? « Au bruit qu’il fait en s’en allant » nous répète Jacques Prévert 😉 Mais si tel est toujours le cas ; quel gâchis, tout de même ! Comment pouvons-nous apprendre à le reconnaitre tant qu’il est encore là, encore possible… peut-être sous des aspects plus simples que ce que nous imaginons souvent.
Avant de lui courir après, aussi aveuglément que frénétiquement, ne devrait-on pas prendre le temps de savoir ce qui lui est nécessaire pour qu’il daigne s’asseoir à nos côtés et accepte de nous accompagner tout au long de notre chemin, même dans ses parties les plus ardues et rocailleuses ?
A défaut d’avoir des réponses toutes faites à ces grandes et belles questions, je vous propose ensemble de réfléchir à ce qu’est, pour vous, le bonheur.
Se trouve-t-il dans la pleine satisfaction de nos besoins fondamentaux ?
Dans celle de tous nos désirs ?
Dans l’absence de souffrance ?
Dans l’accomplissement d’une identité positive de soi ?
Dans des actions qui donnent du sens à nos existences ?
Dans la fidélité à des valeurs ?
Dans un rapport esthétique à soi et au monde ?
Qu’est-ce qui le distingue du plaisir ? de la joie ? du bien-être ? de la sérénité ?
Une fois sa définition clarifiée, serons-nous davantage en capacité de le trouver ?
Ensemble, à travers différents petits exercices d’écriture, simples et progressifs, nous essayerons d’apporter quelques modestes éclairages puisés autant de nos expériences que de nos réflexions sur ces grandes et belles questions.
Caroline Boinon

